Début novembre, j'ai traîné mes guêtres de screenagers à la Cité des Congrès de Nantes pendant les Utopiales, festival international de science fiction. Entre deux projections de films, je m'étais engagé à faire quelques papiers pour le webmagazine Fragil, et c'est à cette occasion que j'ai rencontré Cory Doctorow. Cet américain de 35 ans est un journaliste, bloggeur et écrivain SF spécialiste des problèmes de copyright (il donnait une conférence sur le sujet pendant les Utopiales). L'article pour Fragil n'étant pas encore écrit, c'est donc en exclu pour notre weblog que je vous propose quelques extraits de l'interview.
A propos d'Internet et des pratiques artistiques...
"Une des caractéristiques d'Internet est la baisse du coût des pratiques artistiques, au niveau de la distribution notamment. Plus de gens peuvent participer à la création. Internet offre au public un choix plus important et plus diversié. La plupart des artistes ne peuvent pas en vivre, mais ça a toujours été le cas. L'art n'est pas fait pour gagner de l'argent".
A propos de la loi DADVSI (Droit d'Auteur et Droits Voisins dans la Société de l'Information)
"Cette loi n'est pas bonne, elle préserve les monopoles des majors. Elle s'inspire d'une loi américaine anti-copie de 1998 qui a été un fiasco, c'est une honte que la France répète les mêmes erreurs que les USA, en les empirant même."
Cory Doctorow a été le premier auteur à publier un roman gratuitement sur Internet, Down and Out in the Magic Kingdom, sous une licence Creative Commons. Il a également autorisé l'écriture de "fan fictions" d'après son oeuvre, permettant aux internautes écrivains de se réapproprier ses textes pour en faire des suites par exemple.
A propos des "fans fictions"
"Quand j'avais 12 ans, je n'écrivais que des fan fictions sur Star Wars, Conan, etc. C'est une question de culture, pas de commerce. Avec les règles sur le copyright, des avocats peuvent se permettent d'appeler une gamine de 12 ans pour lui interdire de publier sur son blog une histoire d'Harry Potter. Dans les conventions de science fiction, les fans ont l'habitude de détourner de la musique, en inventant par exemple des chansons qui parlent de Dongeons & Dragons sur l'air d'un tube de Madonna ! ça ne pose aucun problème, mais dès que ce genre de détournement attérit sur le web, ça vire au commerce, aux procès, etc. Pour moi, autoriser les fan fictions était une manière de dire : ce que font les fans depuis toujours...qu'ils continuent de les faire !"
Voilà donc un avant-goût des propos échangés avec ce type très sympa, accro à Internet au point d'acheter un fer à repasser sur eBay plutôt que d'aller s'en payer un au supermarché du coin. La suite prochainement sur le site de Fragil.
Bien joué. Où comment rentabiliser ses papiers… ;-)
Rédigé par : Vincent | 17 novembre 2006 à 17:27